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LE CENTURION

milieu des ruines des vieilles civilisations qui l’avaient tour à tour écrasé.

Depuis 2,000 ans, il croit en un seul Dieu qu’il nomme « Javeh » (Jéhovah). Tant qu’il a été fidèle à ce Dieu, il a triomphé de ses ennemis par une suite de prodiges. Et chaque fois qu’il a abandonné son culte, il a été vaincu, châtié, exilé.

Sa longue et terrible expérience ne lui a rien appris. Le bonheur et la prospérité sont les écueils sur lesquels il a vingt fois fait naufrage. Dès qu’il est heureux, libre et puissant, il oublie son Dieu. Mais quand il souffre, il y revient ; et comme le phénix il renaît toujours de ses cendres.

Les autres peuples sont dirigés et gouvernés par des hommes de génie, et c’est par eux qu’ils arrivent à la gloire et à la grandeur. Le peuple juif est conduit par des prophètes et des prêtres, et tous ses rêves de gloire et de grandeur futures reposent sur un Messie qu’il attend depuis des siècles.

Quand il disparaît comme nation, il subsiste comme race et comme temple. Même quand il n’a plus de patrie, son patriotisme vit, parce qu’il se confond avec sa croyance religieuse et sa foi au Messie, qui restent vivaces, quand toutes les autres religions sont en décadence. Il n’est remarquable ni par la science ni par les arts, ni par la puissance militaire ; mais il a une Loi, qui est en même temps la Religion, et un Livre qu’il croit divin et qui fait sa gloire, sa consolation et son espérance.