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LE CENTURION

hauteurs, et ferment l’horizon du côté oriental, dévalent vers la falaise.

Dans la seconde moitié du jour, la lumière devient intense, et les rayons du soleil sont doublés par la mer qui lui sert de réverbère.


Je me promène souvent avec Claudia sur la Marina. C’est la grande avenue de la ville qui domine le port. Il va sans dire qu’elle ne ressemble en rien à la Via Sacra. Elle n’est pas bordée comme celle-ci de palais et de temples, de portiques, de colonnades, et de frontons de marbre.

Mais elle est ombragée de grands sycomores et elle aboutit à une terrasse, d’où la vue s’étend sur la mer que j’aime tant, parce qu’elle est belle, et parce qu’elle est une mer romaine.

Claudia et moi avons passé une heure à la contempler, la grande azurée. Folle de joie et de lumière, grisée de sa propre beauté, elle s’entraînait à sauter et danser ; elle bondissait, elle s’échevelait, et elle faisait jaillir de tous les côtés une pluie étincelante de goutelettes multicolores.

Il montait des vagues une exquise odeur d’algue et de sel qui tonifiait et vivifiait nos sens, et des vocalises de chant qui ravissaient nos oreilles.

Rien n’est beau comme la mer, et je ne cesse de la contempler. Quel est le secret de son charme ? Est-ce parce qu’elle est sans limites visibles, et que