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LE CENTURION

— Les dieux de l’Égypte sont morts, comme ceux de la Grèce et de Rome ; et le peuple puissant qui a créé tant de choses étonnantes aux bords du Nil, achève de mourir.

— Mais les dieux ne sont-ils pas immortels ?

— Non. Dieu, le Dieu unique, ne meurt pas, mais les dieux, qui n’en sont que des formes de création humaine, ne sont pas immortels.

— S’ils ne sont que des fictions, s’ils n’ont pas d’existence réelle, on ne peut pas même dire qu’ils meurent ?

— Ils meurent dans la croyance des hommes.

— Et qu’importe que les hommes cessent de croire à des dieux qui ne sont que des fictions ? En perdant la foi, ils s’affranchissent d’une erreur.

— Oui, mais ils tombent dans une erreur plus profonde en ne croyant plus à rien.

— Vous croyez donc qu’il vaut mieux avoir une religion fausse que n’en avoir aucune ?

— Oui, pourvu qu’on soit de bonne foi. Car elle est toujours un hommage à la Divinité.

Dieu veut être honoré par tous les hommes ; mais il importe peu que les hommes l’appellent Phtah comme les Égyptiens, ou Zeus comme les Grecs, ou Jupiter comme les Romains, ou Javeh comme les Juifs. Le culte qui lui est rendu peut varier comme le nom qu’on lui donne. Mais il lui est agréable s’il est le produit d’une conscience droite, et d’une foi que l’on croit véritable.