Être peu éloigné d’une grande ville des siècles passés, et avoir pourtant la sensation de lointains infinis, du désert sans borne, du repos définitif, du silence permanent, c’est un état d’âme dont j’aime la quiétude et la douceur.
Quelquefois on voit des ombres s’étendre ou courir sur le sable brûlant, ce sont des nuages fuyants qui passent sur le soleil.
J’ai parfois la sensation que tout cela est un rêve, et que je vais m’éveiller. Mais non, mon rêve est une réalité. Ces chameaux qui nous impriment leur perpétuel balancement, et dont les têtes ondulent sans cesse, comme la proue d’un navire sur les vagues, sont bien vivants, et leur allure fatiguée annonce qu’ils seront heureux de se coucher à la prochaine étape.
C’est la vraie image de notre voyage à travers la vie. Nous sommes des nomades sur cette terre qui est un vrai désert, et nous ne faisons qu’y camper jusqu’à ce que nous arrivions à la dernière halte de nuit, qui n’aura pas de réveil… Et nous cheminons toujours au milieu des choses qui demeurent, et qui continueront de vivre quand nous serons entrés dans la mort, ou qui continueront d’être mortes quand nous serons rentrés dans la vie par la porte de la mort.
Le désert, ce n’est pas la mort, c’est l’absence de la vie. Il semble que la création n’y soit pas encore commencée. C’est le chaos, en travail de création. Et dans ce chaos nous sommes les