fait ressouvenir, que je suis bien loin de Rome — « Vale, Nonis Novembris. »
5 Novembre, an de Rome 780. — Magdala.
II
LES BORDS DU JOURDAIN
Je viens de côtoyer le Jourdain jusqu’à la mer Morte, du côté oriental, à travers les montagnes de la Pérée. C’est beaucoup plus sauvage que la rive occidentale, et bien plus pittoresque.
La mer Morte et celle de Génézareth ressemblent à deux larges coupes remplies jusqu’aux bords par le même fleuve. Mais combien elles sont différentes d’aspect ! Celle-ci est gracieuse, riante, parfumée comme la coupe de l’amour, et ses eaux douces fertilisent et fleurissent ses rivages. Celle-là est remplie d’une eau bitumeuse et amère comme la coupe de la haine et de la colère d’un Dieu ! Vainement, le Jourdain y verse son urne à flots pressés ; il s’y engloutit comme dans un gouffre, et il n’en sort plus. Son onde sacrée et bénie qui répand la prospérité dans la Galilée, semble devenir une eau maudite en tombant dans la mer Morte, et sème la désolation et la mort sur ses rivages déserts.