Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
LE CENTURION

— Est-ce par la forme, aussi bien que par le style, que votre poésie se distingue de la prose ?

— Certainement. Nous avons le vers hébreu, comme vous avez le vers latin ; et les caractères qui le distinguent de la prose sont la mesure et le parallélisme. Ce dernier trait caractéristique n’existe pas dans la poésie latine, non plus que dans le vers grec, et il n’est pas apparent dans les traductions ; mais il est très sensible dans le texte hébreu.

Gamaliel lit très bien, et il sait faire ressortir les beautés des poèmes bibliques.

J’ai donc fort goûté les passages qu’il m’a cités du Livre de Job, des Psaumes du roi David, des Proverbes de l’Ecclésiaste, du Livre de la Sagesse et de l’Ecclésiastique. La plupart des prophètes ont aussi écrit en vers, et il y a dans Isaïe, Jérémie et Ézéchiel des inspirations poétiques d’une incomparable beauté et d’une élévation qui dépasse tout ce que nos poètes ont écrit.

Le poème de Job est un drame sombre, où les cris de douleur et de désespoir alternent avec la prière et la plainte résignée.

Les Psaumes sont des chants à Jéhovah, célébrant sa puissance, sa justice, sa bonté et ses œuvres éparses dans la création.

Il y a dans les poésies de Salomon de très belles leçons de morale et de sagesse, qui témoignent chez son auteur d’une grande expérience de la vie.

Parmi les livres juifs en prose, il se rencontre aussi de nombreuses pages qui sont pleines de