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LE CENTURION

amours avec Didon, qui avait fondé Carthage ; s’il ne s’était pas arraché à ces amours coupables, il n’aurait pas rempli sa destinée, et Rome n’aurait peut-être jamais existé.

À quoi tiennent les événements de ce monde !

Et combien ses destinées seraient différentes si les grands génies y remplissaient toujours la mission qu’ils ont reçue des Dieux.

Carthage ! C’était la grande rivale de Rome, et si Annibal avait su s’arracher aux délices de Capoue, comme Énée aux séductions de Didon, Carthage serait elle-même devenue la maîtresse du monde !

Guerres terribles que ces guerres puniques qui durèrent plus de cent ans ! Et qu’il est glorieux pour nous, Romains, de nous rappeler la dramatique histoire de Regulus et les exploits des deux Scipions !

Il y a deux siècles à peine que nos armées ont détruit Carthage ; mais c’était pour la rebâtir, et tu ne saurais imaginer, mère, toutes les magnificences de la nouvelle cité.

Caïus Gracchus l’avait reconstruite. Mais, jusqu’à Jules César, elle n’était qu’une petite ville coloniale. César et Auguste l’ont restaurée, agrandie, embellie ; elle est aujourd’hui une rivale de la Rome impériale, par la richesse et les proportions de ses monuments publics, par ses temples, ses thermes, ses amphithéâtres et ses vastes portiques.