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STELLA MARIS

Et la barque portait la joie et l’amour pur.
Avec ses grands yeux bleus, avec ses lèvres roses,
Ses blonds cheveux tombant sur sa robe d’azur,
Souriante à l’avant de la barque fidèle,
On eût dit que Marie était l’ange des mers,
Tout prêt à s’envoler vers les cieux d’un coup d’aile,
Après une visite à ses gouffres amers.
La bonne Jeanne, heureuse, avait l’âme ravie,
Et Kervilo chantait sa plus belle chanson.
Rendons grâces à Dieu d’embellir notre vie,
Se disaient ces deux cœurs battant à l’unisson,
Et leurs yeux contemplaient leur enfant bien-aimé.

Enfin voici l’endroit où le poisson se plaît,
Les lieux où se rassemble une troupe affamée
Attendant le pêcheur qui lui tend son filet.
Kervilo jeta l’ancre, et la pêche fut bonne ;
Jamais il n’avait pris autant de beaux poissons.
Joyeux il regardait ce présent de l’automne,
Comme l’homme des champs contemple sa moisson.
Et pendant ce temps-là, tout fier de sa richesse,
Il n’apercevait pas, s’élevant du couchant,