« Voyez, disait son maître aux marins de la côte,
« Voyez comme elle est svelte, élancée à l’avant ;
« Admirez ce beaupré, cette mâture haute
« Qui dans les temps mauvais se courbe sous le vent,
« Cette poupe élégante et dansant sur la lame !
« Mais voulez-vous savoir pourquoi je l’aime tant ?
« C’est que La Mauve, amis, a l’air d’avoir une âme,
« Et lorsque je lui parle on dirait qu’elle entend ! »
Un matin de Novembre, une brise folâtre
Riait dans le feuillage et jouait sur les eaux.
L’aurore flamboyait, et la vague bleuâtre
Se moirait sous ses feux des reflets les plus beaux.
L’aube sur les coteaux versait sa lueur fauve,
Et lorsque le soleil parut sur l’horizon,
Kervilo sur la grêve appareillait La Mauve
En chantonnant : « Le temps est beau pour la saison. »
Il allait s’embarquer lorsque Jeanne et Marie