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LES DERNIERS COUPS D’AVIRONS

une petite anse. Au fond de l’anse une rivière sémillante accourt du Nord-Est et se précipite dans le Saguenay d’une hauteur de 80 pieds en brisant ses flots sur les arêtes de roches qui forment son lit. Mais elle ne se suicide ainsi qu’après avoir fait une œuvre louable, en prêtant une partie de ses ondes à un moulin perché au sommet de la falaise, et une autre partie à une large dalle qui sert de glissoire aux billots de la maison Price.

Au bout de la pointe, commence le Grand Remous qui est la plus terrible convulsion du Saguenay. C’est l’endroit de son cours où son lit est le plus effroyablement bouleversé, et où ses ondes violentes, livrées à toutes les caprices de la fureur, bondissent de rochers en rochers comme des bacchantes échevelées.

Pendant notre dîner, qui est soigné,