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ments ingénieux qu’il sait trouver pour les faire ressortir, les images qu’il va chercher dans la nature physique et qu’il applique habilement à l’ordre moral.

Il n’a pas, comme Mgr Taché, ces mouvements passionnés qui jaillissent du cœur, qui s’adressent aux sentiments, qui touchent, attendrissent et entrainent. Mais ses conceptions intellectuelles ressemblent à des visions. Il voit les idées qu’il exprime, et il les montre si nettement que l’auditoire les voit comme lui.

Il n’a pas les élans impétueux qui nous transportent dans la sphère la plus élevée de l’idéal, mais un vol régulier dans des hauteurs sereines, au milieu d’horizons limpides.

Ces qualités de l’éminent orateur que j’ai pu admirer souvent, je les ai retrouvées dans le petit discours qu’il a adressé aux élèves du collège de Saint-Boniface, et que je vais tâcher de reproduire :

« Mes chers enfants, quand on est jeune comme vous on aime et l’on trouve facilement des fleurs de littérature. Vous êtes au printemps de la vie, et le printemps c’est la saison des fleurs.

« Mais quand on est vieux ce n’est plus la même chose. À l’automne, l’arbre donne des fruits et non plus des fleurs ; or dans les fruits il y a des amandes, ou des pépins, qui sont des semences et qui servent à la propagation.

« Les fruits du vieillard ne sont pas seulement ses