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Aujourd’hui, la gare du Pacifique à Port Arthur est bien loin, en dehors de la ville, isolée, sans importance, au milieu des broussailles d’une espèce de savane ; les trains traversent lentement la ville, sans s’y arrêter, en longeant la grève du grand lac ; pensifs et tristes sur le seuil de leurs portes, les hôteliers les regardent glisser lentement au son de la cloche de la locomotive ; et, quand ils sont passés, leurs regards vont se perdre sur la vaste étendue du lac qui est déserte. Car les steamers de la compagnie, au lieu de venir accoster à leurs quais comme autrefois, se dirigent du large vers l’embouchure de la Kaministiquia, et vont s’amarrer aux quais de Fort-William.

Aujourd’hui, tout le mouvement des affaires s’est déplacé. Trois élévateurs collossaux dressent leurs faîtes altiers au bord de la petite rivière où venaient aborder jadis les canots d’écorce de la Compagnie de la baie d’Hudson, et où de grands navires viennent maintenant recevoir leurs chargements de blé. Un grand hôtel en pierre, d’architecture anglo-normande, fait suite à une gare de grande dimension. Des ateliers immenses, un pont élevé reliant la gare aux quais de la rade par-dessus la voie ferrée et les trains en mouvement, de grandes boutiques s’alignant le long des rues nouvellement ouvertes, des manufactures, des hôtels, des villas, toute une ville surgissant de terre avec des tramways circulant dans la savane — tel est l’aspect de la nouvelle