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Un jour, il reçut de Winnipeg une dépêche ainsi conçue : « Venez dîner avec moi, demain soir, dans mon char-palais, à Calgary. — Geo. Stephen.» Le P. Lacombe en croyait à peine ses yeux ; car le chemin de fer, plus ou moins complété dans la prairie, n’était pas encore en opération. Mais, le lendemain, il n’y avait plus à douter : un train spécial arrivait à Calgary, après avoir franchi l’immense prairie en 32 heures.

Le bon missionnaire se hâta de venir souhaiter la bienvenue aux distingués visiteurs. Sir George Stephen — qui à cette époque n’était pas encore arrivé à la prairie — vint au devant de lui, et lui serra la main ; et comme le Père le félicitait sur sa course rapide à travers les prairies, et sur les progrès de sa grande entreprise, sir George, avec un entrain plein de gaieté et d’humour, lui montra la formidable chaîne des Rocheuses, dont les cimes blanches et grises dentelaient l’horizon d’azur :

— Qu’est-ce que c’est que cela, demanda-t-il ?

— Ce sont les Montagnes Rocheuses, Sir George.

— Est-ce qu’elles prétendent nous barrer le chemin ?

— Peut-être.

— Nous le verrons bien ; mais si elles ne s’écartent pas, nous leur passerons sur le dos.

Dans ce voyage, Sir George Stephen avait avec lui plusieurs autres membres du syndicat du Pacifique, trois présidents de compagnies américaines de chemin de fer,