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confondent, et nous sommes comme perdus entre deux infinis.

La soirée a ressemblé à celle d’hier, avec cette différence que l’intimité commençait à s’établir entre les passagers, et que chacun se prêta plus volontiers à l’amusement des autres. On fit de la musique et du chant. M. Bengough esquissa de nouvelles caricatures, prenant cette fois ses sujets non plus seulement dans le personnel du bateau, mais aussi parmi les passagers.

Il y avait à bord un médecin qui plaisait tout particulièrement aux dames. Il a dû être très beau, et quoiqu’il dépasse la cinquantaine, il est encore très galant. Un pareil type ne pouvait échapper à l’œil perspicace du caricaturiste, et il le représenta faisant des niches à une toute jeune fille. Le dessin eut un succès d’autant plus grand qu’en ce moment-là même le galant docteur faisait un bout de cour à une jolie voyageuse.

Un Irlandais très spirituel et gai, nommé French, qui présidait la performance, fut admirablement dessiné sous ce titre : The Irish Frenchman !

Je n’échappai pas moi-même au crayon de l’artiste, mais il fut miséricordieux et ne me peignit pas plus laid que je ne suis. Il me représenta assis, en face d’un scélérat paraissant aussi stupide que méchant, et lui disant : “ Six months imprisonment with hard labor.” Au-dessous l’artiste avait écrit : Quebec Bench.

M. Bengough nous chanta aussi quelques couplets