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le steamer décrivait cent détours au milieu d’îles et d’îlots qui se comptent par milliers. Un soleil chaud caressait de ses rayons et peignait de couleurs variées toutes ces jardinières flottantes dont les feuillages verts trempaient dans l’eau.

Nous allions à petite vitesse, et parfois même nous étions forcés de nous arrêter pour laisser passer de nombreux steamers et de grands bateaux à voiles, qui descendaient la rivière Sainte-Marie pendant que nous la remontions. Car dans cette rivière qui sert de décharge au lac Supérieur, l’eau est peu profonde et le chenal est étroit. Mais rien n’est plus ravissant que ce paysage, et nulle pièce d’eau aux rives solitaires n’est plus mouvementée. Dans l’espace d’une heure nous y avons rencontré au moins une dizaine de steamers, et quinze à vingt grands bateaux plats. D’où viennent tous ces navires, qui ont des formes étranges ? La plupart sont américains et viennent de Duluth, de Marquette et du littoral des lacs Michigan et Supérieur.

Enfin, nous arrivons au Sault Sainte-Marie qui réveille bien des souvenirs historiques.

Dès 1634, Jean Nicolet, qui était au service de Champlain a cotoyé ces rivages, et Champlain lui-même y est venu en remontant la rivière des Outaouais et la rivière Mattawan, traversant le lac Nipissing et, rejoignant le lac Huron par la rivière des Français.