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tours de roues, et nous traversons, sur un beau pont en fer, la rivière du même nom, profonde comme un abîme, rapide comme un torrent. Quel regret de ne pouvoir s’arrêter ici, et remonter la rivière jusqu’au lac Nepigon, qu’ont fréquenté jadis les Bourgeois du Nord-Ouest et nos missionnaires ! Quelles émotions j’aurais à descendre en canot cette rivière aussi pittoresque que le Saguenay, avec mes anciens camarades Montagnais, Tienniche et Thomachiche !

Hélas ! je n’ai ni les loisirs ni les dollars des sportmen millionnaires, et dans tous mes voyages je ne fais qu’effleurer du regard maints endroits ravissants, où je voudrais dresser ma tente !

Toutefois, je ne me plains pas trop de mon sort. La vie est trop courte pour qu’on puisse voir toutes les beautés de la terre, si petite qu’elle soit, et il faut savoir en sacrifier un grand nombre.

En laissant derrière nous Nepigon, nous pouvons d’ailleurs contempler les superbes points de vue de la Baie du Tonnerre au fond de laquelle s’élève en amphithéâtre la jolie ville de Port-Arthur.