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cuisinière est une demoiselle, née en Angleterre, qui a fait son éducation à Londres, qui a fait le tour de l’Europe, qui est meilleure catholique que moi, et qui parle mieux le français que beaucoup de Canadiennes-françaises de Québec.

« — Mais comment se fait-il, me diras-tu, que cette charmante fille d’Albion soit allée s’échouer dans un ranche de l’Ouest ?

« — C’est qu’elle n’est pas seule ici, mon cher ; et si tu venais faire le tour de la région des Ranches tu rencontrerais beaucoup de vraies Dames qui nous sont venues d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, et çà et là quelques gentilles Canadiennes venant de différentes provinces du Canada, et des États-Unis de l’Ouest.

« Celle qui fait rôtir en ce moment des côtelettes d’agneau à mon intention est ici chez son frère, qui est propriétaire du ranche. Ils appartiennent à une excellente famille d’Angleterre, et comme le jeune homme est un fils cadet, sa fortune ne lui permettait pas de vivre là-bas sur un ton convenable.

« Alors, il est venu ici dans l’espérance de s’y faire un avenir, et sa sœur a eu le dévouement de l’accompagner. Or les domestiques sont excessivement rares dans les prairies, et nous sommes presque tous nos propres serviteurs. C’est un régime qui a ses inconvénients, mais qui a aussi bien des avantages ; et quand nous nous visitons nous nous assistons mutuellement dans le