Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/335

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la cuisine. Il faut être charpentier, meublier, cordonnier, charron, forgeron, horticulteur, cultivateur, etc.

Et cependant cette vie n’est pas sans agréments, et j’ai connu des rancheros qui s’estimaient les plus heureux du monde. Les extraits de lettres suivants feront connaître les charmes de cette vie indépendante et quelque peu aventureuse. C’est un ranchero qui décrit à un ami le pays qu’il habite, sa maison, et la vie qu’il mène :

… « Ce n’est plus la prairie, mais ce n’est pas encore la montagne, avec ses flancs couverts de hautes futaies et ses crêtes de rochers nus.

« C’est un agréable mélange des deux natures, où la montagne ne cesse pas d’être prairie, et dans lequel des bouquets d’arbres rompent la monotonie et reposent les yeux.

« Tu veux savoir quelle espèce de maison j’habite. Il est certain que ce n’est pas un palais. Presque toutes les habitations des ranches se ressemblent : ce sont des maisons en bois rond (log houses), très primitives à l’extérieur, mais assez confortables à l’intérieur, et généralement bien garnies.

« La mienne est bâtie sur une éminence, et se compose d’une cuisine, d’une salle à dîner, d’un fumoir (qui est aussi mon salon, et où j’ai installé mes livres) et de deux chambres à coucher. Voilà pour le rez-de-chaussée.