Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/309

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les plus sauvages, il coulerait sur des autels pendant des siècles et des siècles !


À 7 heures P. M. tous les habitants du camp sauvage remontèrent la colline, musique en tête, et se massèrent dans la grande tente cathédrale, élevée à quelques pas du calvaire. Ils y récitèrent le chapelet, qui fut suivi de la bénédiction solennelle du Saint-Sacrement. Mgr Durieu, évêque de New-Westminster, officiait, et les autres évêques assistaient au chœur. Tous les sauvages chantaient les hymnes du salut avec un ensemble étonnant.

Le camp des sept tribus offrait dans la soirée un panorama des plus pittoresques. Des centaines de feux pétillaient aux portes des tentes, et projetaient au loin des reflets rougeâtres et tremblants. Hommes, femmes et enfants, accroupis en cercle autour des feux, fumaient et causaient. Pendant quelque temps les bébés crièrent, les chiens aboyèrent et hurlèrent ; puis le silence se fit, les feux s’éteignirent, et l’on ne vit plus passer que quelques ombres errantes à travers les tentes.

Le lendemain matin une cérémonie funèbre imposante eut lieu dans la grande tente cathédrale ; c’était un service solennel pour le repos de l’âme du regretté évêque de New-Westminster, Mgr d’Herbomez. Sa grandeur Mgr Lemmens, évêque de Victoria, officiait.