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Tous les chants cessèrent, et la foule agenouillée, en proie à la plus poignante émotion, se mit à prier.

Les Indiens psalmodiaient des prières dans leurs langues respectives et en latin, et les voix d’hommes alternaient avec les voix de femmes. Pendant longtemps le murmure des voix, tour à tour fortes ou mourantes, répandit sur la scène une empreinte de solennité et de tristesse.

Au pied de la croix, Marie Madeleine semblait morte de douleur sous les flots de sang qui l’inondaient. À gauche de la croix, la Très Sainte Vierge se tenait debout, muette de souffrance, les mains jointes, et les yeux vides de larmes levés vers le divin crucifié. À droite, se tenait saint Jean dans l’attitude de la douleur sans espoir. En arrière, étaient groupés des Juifs aux costumes variés, des soldats et des cavaliers romains portant des lances et des épées. L’un d’eux portait aux lèvres du Sauveur une éponge trempée de fiel et de vinaigre ; et tous ces personnages ne bougeaient pas plus que des statues.

On sentait peser sur la foule une oppression douloureuse, et le silence qui avait succédé aux prières ajoutait encore au sombre caractère de la lugubre scène, lorsque les chefs des tribus se levèrent, et dirent, chacun dans sa langue : « Le Christ est mort ! Le Christ est mort ! »