à notre table se souviendra toujours de la description pittoresque du mouton des montagnes !
Le grand Glacier, ce jour là, ne paraissait pas à son avantage. Il se confondait avec la neige qui venait de couvrir les hauteurs voisines, et le brouillard le voilait à demi.
Mais je l’ai vu dans un bon jour en 1889, et j’ai même consacré une journée à lui faire visite. Il éclipse en grandeur tous les glaciers de la Suisse. On calcule qu’il a une superficie de quarante milles environ ! Quant à sa profondeur elle est inconnue, mais la conformation des montagnes voisines fait présumer qu’elle doit avoir bien au delà de mille pieds ! C’est un bloc de glace qui ferait bonne figure à l’Exposition de Chicago, et il suffirait d’une journée pour en faire le tour ! On pourrait en le creusant y installer quelques milliers de restaurants où les viandes seraient toujours fraîches, et des caves pour les vins de Champagne.
À partir du Grand Glacier nous descendons rapidement la pente des Selkirk, au milieu des courbes du nœud gordien, et nous nous aventurons dans l’inconnu à la suite de la capricieuse rivière Illecilliwaët. Mais nous nous en défions, et comme elle menace de rentrer sous terre, nous nous contentons de la regarder de haut.
Il en est temps ; car nous arrivons à un endroit où elle gronde au fond d’un abîme effrayant qu’on nomme Albert Canyon. On ne la voit plus, mais on l’entend