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Eh ! bien, elle s’en va au Nord, et allonge son chemin d’environ 150 milles !

Pourquoi cela ? Parce qu’elle n’a pas pu trouver une issue pour franchir les Selkirk.

Et voilà aussi pourquoi nous ne pouvons pas la suivre ; pendant qu’elle va promener ses ennuis au milieu des cimes tourmentées du Nord nous allons percer la chaîne des Selkirk, et nous la retrouverons à Revelstoke. Seulement en suivant une ligne plus courte nous ferons en six heures le trajet qu’elle fera en six jours.

Mais, cette voie plus courte, où la trouverons-nous ?

Les montagnes ne sont pas comme les hommes. De loin, beaucoup d’hommes paraissent grands, mais quand vous les voyez de près ils sont petits. Pour les montagnes, c’est le contraire : vues de loin, elles ne semblent pas énormes, mais plus vous en approchez plus elles grandissent et deviennent inaccessibles.

À travers les hommes on peut toujours se frayer un passage, et si vous savez vous rendre aimable ils s’écarteront volontiers pour vous laisser passer. Mais les montagnes sont immuables.

Dans notre siècle, on n’admire que le mouvement, le changement, l’évolution. L’on méprise ce qui est immuable, et c’est avec un air de dédain qu’on dit de quelqu’un : il est immuable comme une borne !

Il ne faut pourtant pas trop s’extasier devant ce qui