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loupe à vapeur, qui peuvent remonter la rivière jusqu’à une distance de dix milles.

Voilà le tableau pittoresque et varié que nous admirons. Mais que dire du cadre, qui est plus merveilleux encore que le tableau ? Comment décrire ces montagnes qui en forment les moulures, les sculptures, et les ciselures ?

Les unes ressemblent à des palais de glace, et les autres à des châteaux-forts avec leurs donjons, leurs créneaux et leurs tourelles.

Celles-ci ont la tête voilée comme les femmes moresques. Est-ce coquetterie ou pudeur ? Celles-là dominent la région des nuages, et lancent leurs têtes resplendissantes dans la limpidité d’un ciel serein.

Quelques-unes ont d’abondantes chevelures d’arbres résineux ; un grand nombre sont chauves. Presque toutes sont inclinées vers l’Est. Lors de leur formation, elles ont évidemment obéi à une force d’impulsion qui les a fait pencher de notre côté. C’est nous qui venons maintenant vers elles.

Je ne puis me défendre d’une vive admiration pour les montagnes, de même que pour les sommités humaines.

Seulement, dans les sommets humains je distingue les millionnaires, et même les grands et les puissants me laissent assez froids, s’ils ne sont pas en même temps des esprits cultivés.