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les fondations de la future capitale de l’Alberta. Il en a fait les énormes terrassements dont le chemin du Pacifique avait besoin pour entrer dans les Montagnes Rocheuses. Que dis-je ? il en a amoncelé des collines qui nous servent aujourd’hui d’échelons pour escalader les premiers sommets.

Ce fleuve puissant allait alors se perdre dans une vaste mer intérieure, qui, en se desséchant, a formé les immenses pâturages des buffles, avec des lacs et des rivières pour les abreuver.

Mais aujourd’hui l’Arc est devenu plus modeste. Il s’échappe des montagnes sans faire trop de bruit, et il court vers la Prairie, en se cachant parmi les collines qu’il a élevées, au fond des ravins qu’il a creusés, faisant mille détours comme pour éviter les regards indiscrets.

C’est en vain pourtant qu’il joue à cache-cache avec nous, nous le retrouvons toujours. Car nous ne pouvons pas nous passer de lui comme guide à travers les pics menaçants, qui se dressent devant nous comme une barrière infranchissable.

Déjà nous sommes parvenus à une grande altitude ; mais nous aspirons plus haut, altius tendimus. Notre coursier de feu ralentit un peu son allure. Il trouve l’ascension rude, et comme tous les gens bêtes, il préfère le terre-à-terre et tout ce qui est plat. Il souffle, il soupire, il halète et pousse des rugissements et des