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Que d’établissements nouveaux ? Que d’exploitations forestières, minières, agricoles sont en voie de transformer ce grand Nord, que M. Buies décrivait comme insaisissable dans son livre intitulé « L’Outaouais supérieur !

« On ne peut, s’écriait-il dans son style imagé et pittoresque, ni le saisir ni l’embrasser dans un cadre. Ses horizons sont trop vastes ; et pendant que le regard cherche à le fixer et à le retenir, il grandit incessamment devant lui, s’élève et gagne de plus en plus la nue, comme une lente et solennelle gravitation de notre planète vers un espace toujours plus reculé. Les vagues de ses forêts, de ses collines et de ses montagnes flottent et montent dans un ciel sans limites, vers des rivages dont nul ne voit la trace, et dont la ligne de l’horizon lointain ne peut donner qu’une illusion passagère… »

Aujourd’hui, notre grand Nord n’a plus cet aspect de l’inconnu sans limites et du rêve insaisissable. On l’explore, on le sillonne, et on l’exploite, non pas encore dans toute son étendue, mais graduellement.

Voici Mattawa, qui n’était, il y a vingt-cinq ou trente ans, qu’un simple poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson, et qui est resté une pauvre mission jusqu’à la construction du chemin de fer. Mais aujourd’hui, c’est une petite ville de plusieurs milliers d’âmes et qui se développe rapidement.

Elle occupe un site très pittoresque au confluent de