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Le R. P. Lacombe sortit alors de la tente, et convoqua tout le camp à assister à la cérémonie du baptême. Il en fit tous les préparatifs, et se procura l’eau, l’huile et le sel nécessaires.

Mais il n’avait ni cierge ni bougie, et il proposa à l’un des sauvages présents de tremper un morceau de coton dans la graisse fondue, pour en faire une espèce de mèche qu’il tiendrait allumée pendant la cérémonie.

Le sauvage qui ne connaissait pas le sens symbolique de cette lumière, et qui crut que le missionnaire craignait de ne pas voir assez clair, lui montra le soleil qui se levait, et fit un geste qui voulait dire : avec une pareille lumière la mèche est bien inutile.

Le P. Lacombe sourit, et pensa : cet homme a raison, voilà le vrai flambeau qui convient pour éclairer cette scène. Au moment où le soleil de justice et de vérité va se lever sur cette âme, il est juste que le grand astre qui en est l’image devienne son témoin.

Et pendant que le disque du soleil, flamboyant comme le char du prophète Élie, émergeait des collines voisines, et plongeait son grand œil rouge dans ce pauvre réduit, devenu un temple, le prêtre récitait les prières de l’Église dans l’administration du sacrement de baptême.

Quel tableau ! Et quelle similitude entre les phénomènes naturels et surnaturels qui s’accomplissaient à ce moment !