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chantant à tous les échos des forêts nos vieilles chansons populaires. De distance en distance, ils s’échelonnaient par groupes le long de toutes les rivières flottables, et y construisaient des chantiers dans lesquels ils passaient les hivers, transformés en bûcherons.

Toute cette partie du pays était alors couverte de riches forêts, et pendant tout l’hiver la hache impitoyable abattait les pins, les chênes et les cèdres séculaires, détruisant d’immenses richesses forestières, sans que personne ne se préoccupât du lendemain.

Au printemps, les bûcherons devenaient des hommes de cage, rassemblaient les bois coupés, en confectionnaient de vastes radeaux ou cages, y construisaient de jolies cabanes bien groupées, et ces villages flottants descendaient la rivière Outaouais et le fleuve Saint-Laurent jusqu’à Québec.

Aujourd’hui, le nombre des voyageurs a bien diminué, et leur vie n’est plus la même. Des moulins à scies s’élèvent partout le long des rivières, et le bois scié est expédié par les chemins de fer.

Les pessimistes disent toujours que nous ne progressons pas. Mais quel ne serait pas l’étonnement de nos pères s’ils revoyaient aujourd’hui ces contrées ! Quels développements et quels changements se sont opérés depuis 25 ans, surtout depuis la construction du chemin de fer du Pacifique !