Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment sauvage, qui d’après leurs calculs devait être à deux jours de marche de distance.

C’était en juillet, et la journée était splendide.

Le soleil montait lentement à l’horizon ; un souffle frais secouait les parfums des herbes encore humides de rosée.

La Prairie ressemble à l’océan ; et l’on n’imagine pas, sans l’avoir vue, la magnificence sereine de cette mer sans rivages, où les foins ondulent sur les grandes vagues du sol, diaprées de fleurs blanches, bleues, et jaunes.

Solidement assis sur son cheval qui galoppait régulièrement, de ce petit galop doux et monotone, particulier aux chevaux des prairies, le P. Lacombe récitait son bréviaire, pendant que ses deux compagnons sauvages chevauchaient à ses côtés sans échanger une parole.

Les chevaux sauvages sont petits, mais ils sont infatigables, et ils peuvent galopper ainsi tout un jour.

L’air était d’une pureté diaphane ; mais bientôt il se tamisa de vapeurs transparentes, flottant comme une gaze légère sur les champs immobilisés dans leur cadre immuable.

Le silence était profond, solennel, imposant comme dans un temple.

Les voyageurs humaient l’air tout imprégné de senteurs balsamiques, et se livraient au plaisir de chevau-