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Le 17 au matin nous étions arrivés dans la région la plus accidentée de l’Outaouais Supérieur. De hautes montagnes avec leurs cimes boisées, et des blocs de rochers encadrant des lacs sauvages, défilaient rapidement à nos côtés.

Ça et là quelques établissements, des scieries, des fermes, ou des chantiers. À droite la rivière des Outaouais descend, tantôt calme et tantôt rapide, au fond d’un large ravin, et charrie des millions de billots de pin et d’épinette.

Tous les habitants de Canton se sont levés frais et dispos, et consacrent quelque temps à la récitation du bréviaire — excepté moi, bien entendu. Ce n’est pas que le bréviaire soit à mon avis un livre ennuyeux ; au contraire, je le crois plus intéressant que la plupart des récits de voyage — celui-ci compris. C’est même un livre plein de poésie qui chante à la fois les beautés de la nature, et celles de la surnature, les grandeurs de Dieu, et les gloires des saints.

Quand nos arrêts le permettent, nous sortons un peu prendre quelques bouffées d’air frais.

La région que nous traversons est ce qu’on appelait autrefois les Pays-d’en-Haut, et les voyageurs qui la fréquentaient n’y venaient pas en douze heures en char-palais.

Ils remontaient l’Outaouais et ses nombreux affluents en canots d’écorces, maniant joyeusement l’aviron, et