J’en ai une autre maintenant, et tu peux faire de celle-là ce que tu voudras.
— Eh ! bien, reprit le Père, tu es un misérable chien. Tu es pire, car les chiens traitent mieux leurs femelles ; et tu aurais dû au moins songer à ton enfant, comme les animaux s’occupent de leurs petits. Tu peux rentrer dans ta tente et cacher ton déshonneur. Je trouverai parmi les tiens quelqu’un qui a plus de cœur, et qui prendra soin de ta femme et de ton enfant.
Le missionnaire ne tarda pas à trouver en effet une famille qui eut pitié de la malheureuse abandonnée, et qui se chargea d’en prendre soin.
L’amputation des pieds fut inévitable, et l’on imagine facilement quelle voie douloureuse ce fut pour elle que cette série d’étapes qui termina l’expédition.
Elle ne mourut pas cependant, car Dieu lui réservait, des jours meilleurs. Elle guérit, revint à la mission de Saint-Albert, et y reçut le baptême. Elle y vécut longtemps encore, en fervente néophyte, pendant que sa petite fille était recueillie par les sœurs de la Charité, au couvent de Saint-Albert, et y recevait une éducation chrétienne et des soins vraiment maternels.