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tiens-toi prêt avec, ton fusil, et si je me trouve en face de quelque danger je t’appellerai à mon secours.

Le missionnaire marcha alors dans la direction d’où les plaintes étaient venues. L’obscurité était profonde, et c’est à tâtons qu’il s’avançait lentement. De temps à autre les gémissements cessaient, puis recommençaient, tellement lugubres que malgré sa détermination énergique le missionnaire en frissonnait d’horreur.

L’effrayant, c’est qu’il ne voyait absolument rien.

Tout-à-coup, il sentit sous ses pieds, non plus de la neige, mais des cendres et en même temps une voix lamentable gémit lugubrement tout près de lui.

Il se pencha, et tendit ses mains en avant pour toucher l’être vivant qui était évidemment à ses pieds. L’objet qu’il toucha était une peau de buffle, mais sous cette peau il sentit quelqu’un se mouvoir.

Alors il remua les cendres encore chaudes, et il y retrouva un reste de feu qu’il ranima. La flamme jaillit ; et relevant la peau de buffle il trouva une femme demi-nue pressant un enfant contre sa poitrine.


III

On comprend l’étonnement du missionnaire.

— Qui es-tu ? Et que fais-tu ici ? demanda-t-il.

Je suis une femme abandonnée, et je ne puis plus marcher, j’ai les pieds gelés.