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Chez monseigneur Taché l’abondance de paroles, qui est très grande, suffit à peine à exprimer la multitude de pensées que son esprit conçoit ; et, ce que j’admire chez lui, c’est que la pensée toute grave et profonde qu’elle est, ne le surcharge pas, et laisse à son esprit toute sa légèreté d’allure, tout son entrain, tout son brio.

Il y a des gens que les grandes pensées alourdissent, et qui semblent ployer sous leur poids, comme Atlas portant le monde sur ses épaules.

C’est le propre du génie allemand qui confond quelquefois le profond et le creux.

Mais chez Mgr Taché les idées sont vives, alertes, et jaillissent sans effort de son puissant cerveau pour s’envoler sur les ailes de sa parole également vive et brillante.

Si la vie toute d’action qu’il a menée lui avait laissé le loisir de cultiver davantage ses dons littéraires, et de développer cette faculté de l’esprit qu’on appelle l’imagination, et qui donne à la pensée la forme imagée qui la rend plus saisissante, il serait un orateur incomparable.

Je suis absolument incapable de redire ce que Mgr l’archevêque de Saint-Boniface a répondu aux trois adresses de ses amis d’Edmonton ; car je me suis livré au plaisir de l’entendre, et je n’ai rien noté.

C’était une improvisation très spirituelle et très sentimentale. Le rire s’y mêlait aux larmes. Il fit