races, condamnées à mourir ; ils n’ont plus confiance qu’au prêtre, et c’est en lui qu’ils cherchent protection.
Ce pays qu’ils habitent encore n’est plus leur pays, ils ne le sentent que trop. Ils ne sont plus chez eux, et malheureusement il y a entre eux et les Blancs une espèce d’abîme qui rend le rapprochement impossible. Les mœurs, les usages, les idées, le genre de vie tendent à les séparer. Une antipathie réciproque, que l’on s’explique très bien, empêche la fusion, et l’empêchera longtemps, sinon toujours. Il est bien plus facile de faire un sauvage d’un homme civilisé que de faire un civilisé d’un sauvage.
Les vieux chefs Cris et Pieds-Noirs entretiennent encore quelques espérances nationales, et ils disent aux jeunes que les bonheurs passés renaîtront. « Un jour viendra, répètent-ils souvent, où les Blancs disparaîtront, et où les buffles sortiront de terre ».
Mais quand ils entrent dans l’Église catholique, ils y trouvent reconnue leur égalité avec les Blancs ; le missionnaire les y accueille comme un père : il les traite comme si les Blancs et eux ne formaient qu’une seule et même famille ; il leur enseigne qu’il y a une autre vie où toutes les injustices seront réparées ; et, avec l’idée qu’ils se font du bonheur, ils s’imaginent qu’ils vont retrouver au delà du tombeau des pays de chasse, des troupeaux de buffles, et de superbes chevaux.
Voilà pourquoi le prêtre catholique attire leur sym-