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Ils croient en outre qu’il y a un Esprit Bon et un Esprit Mauvais, et c’est le Mauvais qu’ils honorent davantage afin de l’apaiser. Tous les hommes sont ainsi faits : ils obéissent plutôt à la crainte qu’à l’amour.

Rien d’étonnant du reste à ce qu’ils se tournent encore vers le soleil, quand ils veulent invoquer l’Esprit Mauvais. Car c’est le même astre qui, dans les Prairies, brûle et détruit les innombrables germinations que ses rayons ont fait naître.

La même chaleur qui a fécondé les germes et répandu la vie partout, sème aussi dans la prairie la destruction et la mort. C’est le même soleil qui tarit les rivières et les lacs, dessèche les gazons et les fleurs, et boit le sang et les larmes de cette terre qui ne demanderait qu’à produire toujours des floraisons nouvelles.

Cependant, il ne faut rien exagérer. Cette sécheresse ne nuit à la culture que dans quelques parties élevées des Prairies qui avoisinent le chemin de fer entre Swift Current et Calgary; et dans ces régions mêmes l’élevage des bestiaux réussit très bien. De grands ranches y sont en pleine exploitation, et la plaine est sillonnée par de nombreux troupeaux de moutons, de bêtes à cornes et de chevaux, qui y trouvent d’excellents pâturages, et des lacs que le soleil ne peut dessécher.

Ailleurs, le sol de cette immense zône des Prairies qui s’étend de la Rivière Rouge aux Montagnes Rocheuses, est presque partout excellent. On calcule