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Mais d’autres hommes vinrent, plus méchants que les premiers, et portant des armes terribles qui frappaient de loin et aussi rapidement que la foudre.

Le buffle n’avait pas de bois pour se cacher, mais il avait l’espace illimité pour s’enfuir, et il fuyait pendant des jours et des nuits, des semaines et des mois, sans se heurter à la frontière de son immense domaine.

Avec lui couraient dans la prairie des troupeaux de chevaux sauvages ; l’homme s’empara des coursiers, et monté sur leur dos il se mit à la poursuite du buffle, d’abord pour s’en nourrir, puis pour l’écorcher et vendre sa peau aux trafiquants de fourrures.

Ce fut la condamnation à mort du malheureux quadrupède, et l’exécution de la sentence ne fut plus qu’une question de temps. C’est alors que l’on vit d’effroyables hécatombes.

Pauvre race détruite, ses ossements blanchissent aujourd’hui la prairie, et partout, à chaque pas, ses têtes colossales dominant les foins jaunis semblent par leur blancheur immaculée, protester de son innocence.

Mais, tout squelette qu’il est, le buffle n’a pas cessé d’être utile à l’homme. On ramasse aujourd’hui ses ossements et on les broie pour en faire un engrais. À chaque station du chemin de fer il y en a des monceaux énormes, et plusieurs chars en sont remplis, et expédiés dans toutes les directions.

D’après ce que j’en ai vu, je suis convaincu que si l’on