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de fer à la grande voie du Pacifique, et le jour n’est pas éloigné où ils seront mis en communication par un autre réseau de fer qui traversera toute la vallée de la Saskatchevan.

Alors Battleford, Fort Pitt, et Fort Saskatchewan, déjà en voie de progrès deviendront des villes, et d’autres établissements surgiront sur les bords des deux Saskatchewan. Il me paraît certain que ces régions ont devant elles un avenir plein de promesses.

Mais en attendant que la marée humaine qui monte y ait apporté ses flots vivants, c’est une vaste solitude, tantôt boisée, tantôt couverte d’herbes sauvages et de bruyères.

Et pourtant, ce désert a eu ses habitants ; car il est sillonné de sentiers étroits qui n’ont pu être tracés que par des êtres vivants. Qui donc a laissé derrière lui ces traces persistantes de son passage ? Qui a ouvert ces routes à travers les prairies sans bornes ?

C’est le buffle qui, sans boussole, a marqué ces longues voies droites qui s’étendent du nord au sud et de l’est à l’ouest à travers l’espace indéfini.

Il était jadis le roi de ce pays, comme le lion est encore le roi du désert africain. Mais un jour l’homme est venu, d’Europe ou d’Asie, et lui a déclaré la guerre, une guerre d’extermination qui a duré des siècles.

Tout d’abord, cet homme n’était armé que de flèches et de haches, et le buffle échappait souvent à ces armes.