Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
394
PARIS

ment vers un but commun, sont profondément divisés sur les moyens qui doivent leur procurer la réalisation de leurs espérances. Ils se déchirent entre eux, ils usent leurs talents et leur influence à se combattre mutuellement, et ils suivent des routes parallèles qui ne se rejoignent jamais.

Il y a plus encore. Tous ces grands partis qui luttent pour la domination et le triomphe de leurs idées sont eux-mêmes fractionnés et subdivisés. Des divergences d’opinion dans les détails, des nuances de couleurs, des questions personnelles, le souvenir d’anciennes luttes, quelques préjugés, suffisent à former dans chaque parti, divers groupes auxquels manque l’unité d’action.

En tout cela, je ne blâme personne, je constate seulement un fait, ou plutôt un mal, auquel il est peut-être impossible d’apporter remède dans l’état actuel des choses. Si vous entendez les chefs de ces différents groupes, si vous prenez connaissance de leurs griefs, vous serez tenté de croire qu’ils ont tous raison. Mais en même temps, cette incertitude démontre que les sphères politiques sont aussi profondément troublées que les couches sociales.

Quel homme, où quel parti pourra jamais refaire l’ordre dans cette société bouleversée ? C’est le secret de Dieu.

Un jour, dont nous ne voyons pas encore l’aurore, le Dieu qui aime les Francs jettera dans ce chaos social son cri : Fiat Lux ! Et la lumière se fera, et quelque main providentielle remettra les hommes et