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PARIS

« Et ne songeant à moi qu’en songeant au devoir,
« Rendez-nous un Roland — avant de me revoir !
« Eh bien, comte, à présent me blâmez-vous encore ?
« Vous reste-t-il au cœur des craintes que j’ignore ?
« Je vous prends votre fils ; mais, pour dernier adieu,
« Je le donne à la France, à Charlemagne, à Dieu ! »

Amaury comprend que toute résistance est impossible, et pendant que Berthe retourne au palais d’Aix-la-Chapelle, Gérald se met en campagne pour aller conquérir de nouveaux lauriers et de nouvelles provinces.

Un an s’écoule, et des événements douloureux s’accomplissent à Aix-la-Chapelle. Un chef Sarrazin s’est présenté à la porte du palais, brandissant dans sa main Durandal, l’épée de Roland, prise le jour de Roncevaux, et il a offert de la rendre à qui pourra la prendre ; mais depuis trente jours trente barons français sont tombés sous les coups de l’infidèle, et Durandal brille toujours à son bras.

Charlemagne est accablé de douleur, et malgré son grand âge il veut aller combattre le païen lui-même ;

« Quand ils n’ont plus la gloire, il reste aux rois la mort ! »

s’écrie-t-il, et il veut aller mourir, lorsque tout-à-coup la cloche d’argent résonne, cette cloche qui annonçait le retour de quelque chevalier.

C’est Gérald qui revient victorieux d’Afrique, et qui pour première faveur demande à combattre le sarrazin.