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et qui dégénèrent le plus souvent en d’indécentes expositions. Vous connaissez les lignes spirituelles et sarcastiques que M. Louis Veuillot à consacrées à ces pièces à femmes dans ses Odeurs de Paris ? Eh ! bien, j’ai vu à la Gaité une féerie, ayant pour titre le Voyage dans la Lune, et j’ai été convaincu qu’il n’a pas exagéré.

Il y avait dans cette représentation un fourmillement de danseuses, qui faisait concurrence aux ballets de l’Opéra. Une danse de Chimères, dans la lune, attirait surtout le public et assurait le succès de la pièce, qui n’en était encore qu’à sa soixantième représentation, mais qui promettait d’arriver aux cinq cents représentations de la Fille de Madame Angot. Ces Chimères étaient des citoyennes de la lune, composées de chair et d’os, et qui n’avaient de chimérique que… le vêtement.

Non, ce n’est pas encore là que nous rencontrerons le théâtre moral ; et pour ne pas prolonger nos étapes infructueuses nous ne visiterons pas même les théâtres de second ordre, ni l’Odéon où j’ai entendu quelques jolies pièces, ni le Châtelet où j’ai vu jouer un drame de M. Jules Claretie, ni la Porte-St-Martin où l’on mêle la féerie à la comédie classique.

Enfin, nous ne ferons que passer à l’Opéra — par ce que l’art musical n’est pas mon lait — et nous irons ensuite directement au Théâtre Français, le premier de Paris, et peut-être du monde.

L’Opéra, que vous en dirai-je ? Je puis bien vous parler de l’édifice, vous dire qu’il est immense, somp-