Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeté dans la théocratie absolue. Mais son esprit s’était insensiblement affranchi de cette influence malsaine et avait reconnu les droits de la pensée et du peuple.

Il avait alors prêché une théocratie mitigée ou contrôlée ; puis, il s’était jeté dans une espèce d’éclectisme, par ce qu’il n’osait pas encore se soustraire à l’influence et aux conseils de la Papauté. Cependant l’évolution de ce grand esprit, et son affranchissement de la servitude cléricale s’accomplissaient peu à peu. Son génie brisait les unes après les autres les entraves dont l’Église l’entourait. Enfin paraissaient les Paroles d’un Croyant, qui étaient le cri de la conscience libre. D’autres œuvres succédaient et consommaient son émancipation, jusqu’à ce qu’il y mit le couronnement par son immortelle Introduction à l’Enfer de Dante.

C’était alors seulement que Lamennais avait enfin vu briller à son regard d’aigle la libre pensée, c’est-à-dire la vérité sans voile.

Quant à Joseph DeMaistre, son maître, M. Frank rendait justice à la noblesse de son caractère et à la distinction de son esprit, mais il l’accusait d’avoir répandu dans le monde des doctrines malsaines qui ont perverti bien des intelligences et causé bien du mal.

Voilà comment on enseigne l’histoire de la philosophie à la jeunesse de France ; et l’on s’étonne après cela qu’elle ait des idées subversives.

Le lendemain, la curiosité m’a fait assister au cours de M. Renan. Au physique, le fameux auteur