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et chaque parole qui tombe de ses lèvres lui parait un oracle. Deus, ecce deus semble-t-il s’écrier, et il frémit d’admiration.

Il ne songe pas même à critiquer Sultan Mourad, Plein ciel, la Trompette du Jugement et autres pages de la plus étrange fantaisie ; ce serait un acte d’impiété.

Au reste M. Sarcey n’est pas le seul thuriféraire du grand pontife de la poésie libre penseuse. Ils sont des douzaines qui l’entourent, et qui finiront par lui faire croire que Jésus était moins dieu que lui.

Je n’ai besoin de rien ajouter, lecteurs, sur le Cercle du Boulevard, et vous savez maintenant quelle espèce d’école il est. Malheureusement, ce n’est pas la seule école de ce genre dans Paris. Quelle ne serait pas votre stupéfaction, si vous entendiez tous les enseignements que propagent certaines chaires universitaires !

L’autre jour je suis entré au Collège de France, pour entendre M. Ad. Frank. Autour de sa chaire se groupaient une jeunesse nombreuse, et beaucoup de femmes qui applaudissaient énergiquement le vieux philosophe. C’est un savant et habile conférencier, qui prêche la libre pensée avec certains ménagements qui la font mieux accepter.

Il parlait de M. de Lamennais, et voici en résumé le jugement qu’il portait sur cette intelligence d’élite et sur ses œuvres.

Lamennais était un génie hors ligne que la lecture des œuvres de DeMaistre et de Bonald avait égaré, et