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moi j’ai toujours eu un faible pour le génie poétique de Victor Hugo, qui me parait merveilleux.

Pour la seconde fois je me dirigeai donc vers le Boulevard des Capucines, et je pris place au Cercle au milieu d’un auditoire assez nombreux.

M. Francisque Sarcey entra. C’est un robuste gaillard, un peu grisonnant, à la mine un peu nonchalante, et même paresseuse. Il a de l’esprit, de la verve, et surtout de la gaieté.

Je remarquai, lorsqu’il entra, qu’il avait un petit volume à demi caché seulement dans la poche de son gilet ; en s’asseyant, il prit ce petit volume, format un peu plus grand qu’in 32°, et nous le montra en disant : « Messieurs, j’ai apporté ce petit volume pour vous le montrer. Ce sont les œuvres d’Alfred de Musset dont M. Lemerre vient de faire une édition elzévirienne. L’idée est sublime, car tout le monde aujourd’hui veut avoir son Musset dans sa poche. Eh bien, ce format, voyez-vous, est fait exprès ; vous mettez cela dans votre gousset ; cela ne vous pèse pas, ni ne vous embarrasse, et vous allez où vous voulez, au bord de la mer, au fond d’un bois, dans un parc solitaire, sur une place publique, dans un omnibus ou en chemin de fer et vous êtes sûr de ne pas vous ennuyer. Pressez-vous MM., de vous le procurer ; car l’édition s’épuise rapidement. »

M. Sarcey sourit avec amabilité, remet le livre dans la poche de son gilet et commence sa conférence.

Voilà comment on fait de la réclame à Paris. Je ne vous dirai pas, parce que je le sais pas, combien