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« Mes frères, les peuples aussi ressuscitent quand ils ont été baignés dans la grâce du Christ ; et quand malgré leurs vices et leurs crimes, ils n’ont pas abjuré la foi, l’épée d’un barbare et la plume d’un ambitieux ne peuvent pas les assassiner pour toujours.

« On change leur nom, mais non pas leur sang. Quand l’expiation touche à son terme ce sang se réveille et revient par la pente naturelle se mêler au couranc de la vieille vie nationale.

« Vous n’êtes pas morts pour moi, mes frères… mes amis… mes compatriotes… Non, vous n’êtes pas morts. Partout où j’irai, je vous le jure, je parlerai de vos patriotiques douleurs, de vos patriotiques aspirations, de vos patriotiques colères ; partout, je vous appellerai des Français, jusqu’au jour béni où je reviendrai dans cette cathédrale prêcher le sermon de la délivrance et chanter avec vous un Te Deum comme ces voûtes n’en ont jamais entendu. »

Il y avait autre chose que ces voûtes n’avaient jamais entendu et qu’elles entendirent ce jour-là ; car l’auditoire se leva tout entier et éclata en applaudissements. La majesté du lieu saint n’avait pu retenir l’explosion de l’enthousiasme.

N’allez pas croire cependant que le P. Monsabré prenne bien fréquemment ce ton lyrique. Je vous l’ai dit, le philosophe chrétien domine chez lui, et naturellement c’est à la raison qu’il s’adresse plutôt, qu’au sentiment.

Je l’ai entendu deux fois, et chaque fois j’ai été