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PARIS

s’il faut en croire les archéologues, la tour de la façade serait un précieux reste de l’antique abbaye.

L’intérieur est d’architecture romane ; mais de nombreuses restaurations en ont altéré le caractère primitif. Ce qui en fait aujourd’hui le principal intérêt et la beauté, ce sont les fresques magnifiques, dues au pinceau de M. Hyp. Flandrin, le grand artiste chrétien que la France regrette encore.

Dans une étude remarquable, publiée à Marseille en 1866, M. Claudio Jannet a fait l’appréciation des œuvres de ce peintre illustre, et il démontre que dans ses grandes compositions de Saint-Germain-des-Prés, Flandrin a prodigué des chefs-d’œuvre. Il nous fait surtout admirer dans l’artiste la fécondité d’imagination, la largeur de style, la maturité du talent et l’orthodoxie du pinceau.

Mais pour connaître mieux l’œuvre du grand peintre français, il faudra, lecteur, visiter l’église Saint-Vincent de Paul, admirablement située au sommet d’une colline, et dont le péristyle à colonnes ressemble à un temple grec.

C’est là que vous admirez dans toute leur ampleur et dans l’immense variété de leurs détails les compositions du maître. Peu de peintures ont produit sur moi une impression aussi vive que cette frise de Saint-Vincent de Paul, où deux longues processions de saints et de saintes partant du fond de la nef s’avancent parallèlement de chaque côté de l’édifice vers le chœur qui figure le ciel, avec le calme austère et la simplicité grandiose d’êtres supérieurs aux faibles mortels.