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PARIS

L’organisateur de cette fête étrange, Chaumette, disait : « que ces voûtes gothiques, pour la première fois, servaient d’écho à la Vérité, et que les français y célébraient le seul vrai culte, celui de la Liberté et de la Raison, et abandonnaient des idoles inanimées pour la Raison, image animée, chef-d’œuvre de la nature !… » et agile danseuse, aurait-il dû ajouter.

C’est cette mascarade impie et sacrilège qui arrachait à Lacordaire ces éloquentes paroles :

« La raison pure voulut célébrer ses noces, car elle n’avait célébré sur l’échafaud que ses fiançailles ; elle voulut aller plus loin et pousser jusqu’à ses noces. Les portes de cette métropole s’ouvrirent par ses ordres tout-puissants ; une foule innombrable inonda le parvis, menant au maître-autel la divinité qu’on lui avait préparée pendant soixante ans. En dirai-je le nom ? L’antiquité avait eu des images qui exposaient la dépravation au culte des peuples ; ici c’était la réalité, le marbre vivant d’une chair publique. Je me tais, Messieurs, je laisse ce grand peuple adorer la divinité dernière du monde, et célébrer sans mystères les noces immortelles de la raison pure. »

Ce ne fut pas tout, le temple de la Raison changea bientôt de divinité. L’antique Vénus y vit revivre son culte, et les chapelles latérales furent transformées en lieux de prostitution.

C’est après toutes ces horreurs que la noble Basilique fut enfin fermée, pour n’être rouverte au culte catholique qu’en 1802.