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PARIS

chitecture gothique, dont la flèche découpée à jour, audacieuse, aérienne, s’élance vers le ciel avec l’ardeur des saints du moyen-âge, et avec la foi du grand roi qui l’a bâtie, Saint Louis.

Terminons cette vue de Paris à vol d’oiseau par une citation qui servira de transition au chapitre suivant, consacré à Notre Dame, et qui fera ressortir les contrastes qui distinguent le Paris actuel de l’ancien.

Les vers si catholiques qui suivent sont dus à M. Théophile Gautier, dont la muse n’a pas toujours été si bien inspirée :


« Et cependant, si beau que soit, ô Notre Dame,
Paris ainsi vêtu de sa robe de flamme,
Il ne l’est seulement que du haut de tes tours.
Quand on est descendu tout se métamorphose,
Tout s’affaisse et s’éteint : plus rien de grandiose,
Plus rien, excepté toi, qu’on admire toujours.

« Car les anges du ciel, du reflet de leurs ailes.
Dorent de tes murs noirs les ombres solennelles,
Et le Seigneur habite en toi.
Monde de poésie, en ce monde de prose,
À ta vue, on se sent battre au cœur quelque chose ;
L’on est pieux et plein de foi !

« Aux caresses du soir, dont l’or te damasquine,
Quand tu brilles au fond de ta place mesquine,
Comme sous un dais pourpre un immense ostensoir,
À regarder d’en bas ce sublime spectacle,
On croit qu’entre tes tours, par un soudain miracle
Dans le triangle saint Dieu se va faire voir.