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Au premier regard jeté autour de nous et vers la terre, l’immense ville nous apparaît comme un amas confus de dômes, de flèches, de tours, de pignons, d’arcades, de colonnes, de portiques, de frontons et de coupoles ;

Sous le même horizon, Tyr, Babylone et Rome,
Prodigieux amas, chaos fait de main d’homme,
Qu’on pourrait croire fait par Dieu !

Mais peu à peu le regard s’habitue à ce spectacle, la confusion disparaît, et nous pouvons apercevoir les grandes lignes de ce tableau et les monuments qui se détachent de l’ensemble.

Admirons d’abord ces larges rues, ces avenues magnifiques, ces immenses boulevards qui sillonnent en tous sens la grande ville, et reconnaissons qu’aucune autre n’en a de semblables.

Quelle pensée a présidé à ces percements gigantesques ? A-t-on voulu y faciliter la circulation des régiments ? Je ne sais, mais on se rappelle que cètte circulation est devenue nécessaire, et contre les ennemis du dedans et contre ceux du dehors.

Jusqu’à la dernière guerre, Paris craignait peu l’étranger. Quel parisien eut imaginé que sa ville immense pût être investie ? Cela semblait impossible ; mais l’impossible est devenue réalité : il s’est trouvé une armée assez nombreuse et assez forte pour étreindre ce colosse dans un cercle de fer et de feu, jusqu’à lui faire demander grâce !

Au milieu de ces grandes rues, il y a une avenue