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On a dit souvent que les parisiens sont les Athéniens modernes ; or Saint Denis venait d’Athènes et faisait partie du fameux Aréopage, qui valait sans doute l’Institut, et devant lequel Saint Paul parla si éloquemment. La doctrine nouvelle annoncée par Saint Paul lui plut, comme toutes les nouveautés plaisent aux Parisiens ; mais la nouveauté dont s’éprit Saint Denis, c’était la vraie science de Dieu. Si le Parisien pouvait s’éprendre de cette nouveauté-là !

Saint Denis la prêcha ensuite avec une éloquence digne de la Chaire de Notre-Dame, et avec une humilité qu’on peut encore recommander, même aux Parisiens.

Quand sa tête fut tombée sous le fer du bourreau, il la releva et l’emporta lui-même dans ses mains. Le Parisien qui perd quelquefois la tête, et qui abat celle des autres, apprendrait sans doute d’un pareil patron à mieux veiller sur son chef, et à laisser vivre celui du prochain.

On raconte enfin que ce futl’éclipse de soleil à la mort du Christ qui révéla à Saint Denis la première notion d’un Dieu. En voyant plongé dans l’obscurité la plus profonde ce roi des astres qu’il croyait immuable, il crut à l’existence d’un Être Supérieur, qu’il désira connaître et qui devint l’amour de sa vie.

L’éclipse visible de la France, cette reine des nations, ne devrait-elle pas produire la même métamorphose dans l’esprit du Parisien ?

Nous espérons et nous désirons de toute notre âme que cette éclipse, qui n’est que partielle, soit de bien