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PARIS

De temps vu temps un courant irrésistible m’emportait, tantôt en avant, tantôt en arrière, et mes pieds touchaient à peine les dalles. Autour de moi les conversations et les rires allaient leur train.

— Oh ! là là, monsieur, vous allez emporter ma robe !

— Ce n’est pas ma faute, madame, répondait le voisin, il y a force majeure.

— Moi, je suis disloquée, et je ne sortirai pas de cette mécanique avec tous mes membres.

— Et moi donc, j’ai deux côtes enfoncées, je pense, et j’ai perdu mes souliers !

— Vois donc Adèle, comme le sang lui monte au visage. Elle a sa congestion, je crois, et bien conditionnée !

Ce spectacle édifiant dura jusqu’à ce que, poussé tout à coup près d’une porte latérale, je réussis à m’esquiver.

Une classe très nombreuse de parisiens observe le dimanche en allant aux courses de Longchamp. Dès le matin, les omnibus de toutes sortes, les bateaux-mouches, les cabriolets, se dirigent à toute vitesse vers Longchamp, et toute la campagne environnante se couvre de spectateurs. Ils y passent gaiment, sinon innocemment, leur journée, et ils reviennent le soir, convaincus qu’ils ont rempli leur devoir envers Dieu puisqu’ils se sont reposés !