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PARIS

Pauvres Parisiens ! Pliez donc le genou devant Dieu, et il fera en sorte que vous n’ayez pas à le plier devant le Prussien !

Quelques Parisiennes, allant à la messe, ne sont pas irréprochables non plus, et leur dévotion est un peu, beaucoup, mondaine. Les pages satiriques de Gustave Droz à leur adresse sont exagérées, mais contiennent cependant beaucoup de vrai. C’est à la Madeleine surtout, et à St-Roch que j’ai pu m’en convaincre. Elles oublient parfois qu’elles sont à l’église, et se croient au spectacle.

À Noël, j’ai voulu avoir une idée de la messe de minuit à Paris. On m’avait recommandé d’aller à St-Roch, où des voix renommées et de grands artistes devaient remplir la partie musicale de la solennité.

J’arrivai un peu tard et j’eus beaucoup de peine à pénétrer, tant la foule était compacte à l’entrée de la vaste église. Il ne restait, pas un siège inoccupé dans la grande nef, et les nefs latérales paraissaient encombrées ; je pensai qu’en avant et autour du chœur il y avait probablement des places vides, et je me faufilai avec beaucoup d’efforts au milieu de la masse. Mais il fut bientôt impossible d’aller plus loin, et je constatai, en essayant vainement de me retourner, que je ne pouvais plus ni reculer ni avancer.

Je restai là debout, pressé de tous les côtés comme un épi dans une gerbe, élevant au dessus des têtes mon pauvre chapeau qui avait déjà été écrasé plusieurs fois, et ne sachant comment j’allais me tirer de cet horrible pressoir vivant.